« Les mots ont du son » est un nouveau cycle qui, certains samedis de 16 heures à pas d’heure (ou presque), de la moquette de la Bibliothèque des Capucins à la toile cirée du restaurant du même nom, en passant par la Halle des Douves, proposera autant de rendez-vous singuliers entre mots et musique. Inaugurant cette série, le duo formé par l’auteure Elsa Gribinski et le percussionniste Mathias Pontevia, sous les bons auspices d’El Selector Andaluz, vient proposer une nouvelle incarnation live de son projet Tour intérieure. A l’origine, un texte d’Elsa Gribinski intitulé Il (état des lieux), deuxième volet d’une écriture en résidence à la cité Henri-Sellier de Cenon. Texte qui, après un patient travail de lecture, d’improvisations et de montage avec Mathias Pontevia, est devenu la matière d’un enregistrement commun : Tour intérieure, pièce électro-acoustique mêlant texte dit, captations de sons environnants, jeux d’électronique et batterie. De cette matière nouvelle, de cet organisme autonome, le concert offre une nouvelle métamorphose. « L’écriture de texte a son temps propre de création ‘à la table’, long, itératif, fragmentaire, qui est aussi de reprises successives, ou possibles. La musique est un art de l’instant, quoiqu’on dise de la composition, a fortiori pour ce qui est de l’improvisation », disent-ils. En prenant une forme vivante, à l’épreuve de la scène, leur Tour intérieure n’en devient que plus vertigineuse : collision de la voix et de la matière instrumentale, collusion du dire et du sentir, du jouer et du vibrer, constamment sur le fil de « l’acuité à l’urgence du son et à la projection du sens ». Après tout, seule une lettre sépare le livre et le live.